L’arbre est le lien entre la terre et le soleil, dont il transforme l’énergie lumineuse, permettant ainsi la vie.
L’arbre absorbe le dioxyde de carbone que nous rejetons. Il est ensuite capable de le transformer en bois grâce à l’énergie solaire. Ce processus de photosynthèse s’accompagne d’un seul déchet : l’oxygène, que nous respirons.
Outre cet échange gazeux, l’arbre nous rend également de nombreux services : ombre, rafraîchissement de l’air, fourniture du bois comme énergie et matériau….
Nous sommes donc complètement liés aux arbres. Francis Hallé, grand botaniste et expert des forêts avance même que « sans les arbres nous ne serions pas des êtres humains ».
La posture de l’arbre et la posture du yogi : des manières d’être qui se rejoignent
L’arbre, comme le yogi, est toujours en quête de lumière.
En forêt, les branches de l’arbre cherchent constamment chaque percée de lumière : « il n’existe pas d’arbres qui puissent se passer de lumière, la lumière fait vraiment partie de leurs exigences » (Francis Hallé). Mais pour s’élever, l’arbre a besoin d’avoir une base stable, des racines solides qui assurent son ancrage et son apport nutritionnel. Cette base stable, cet ancrage est également un prérequis pour le yogi qui cherche à élever sa conscience, à retrouver cette lumière, source de vie, célébrée dans la Gayatri un des plus vieux mantras du yoga.
L’arbre s’adapte à ce qui est, et crée un équilibre avec son environnement. L’arbre ne peut pas se déplacer (pour rechercher de la nourriture…), alors il tire alors profit de ses limites, les transforme en opportunités. Ainsi, par exemple, ses feuilles qui tombent vont enrichir le sol et permettre le développement de champignons avec lesquels il tisse une étroite coopération pour se nourrir et même se connecter avec ses congénères. Cela rejoint la position du yogi : accepter ses limitations du moment et s’en servir pour développer ses ressources intérieures et trouver un équilibre.
La manière d’être de l’arbre c’est également la sobriété. L’arbre doit faire avec ce qui est disponible sur place, l’air, l’eau, la lumière ; il gère donc ses ressources de façon économe sans prendre plus que besoin. C’est une belle leçon qui rejoint un des yama (règle de vie) du yoga : aparigraha, ne pas prendre plus que nécessaire dans notre quotidien.
La posture de l’arbre : vrik asana
La posture de l’arbre vrik asana, équilibre sur un pied, décrite dans la Gheranda Samhitâ, est devenue un grand classique en yoga.
Prise de la posture
Prise de la posture avec 3 degrés (selon les possibilités du moment).
■ 1er degré : debout, pieds parallèles écartés de la largeur du bassin et le regard sur un point fixe au sol. Amener le poids du corps sur le pied gauche puis placer la plante de pied droit contre la cheville du pied gauche (face interne), les orteils du pied droit restant au sol.
■ 2ème degré : poser la plante du pied droit contre l’intérieur du genou gauche (le pied englobant le genou). Le genou droit est ouvert sur le côté dans le plan frontal.
■ 3ème degré : saisir la cheville droite avec la main et positionner le pied droit contre la cuisse gauche (talon en haut de la cuisse). La plante de pied appuie contre la cuisse et la cuisse exerce une pression contraire vers le pied.
■ Les mains sont jointes devant la poitrine (en Anjali Mudrâ), puis monter les bras au-dessus de la tête et vers le ciel.
L’équilibre
Cette posture nécessite un enracinement et une concentration importante pour garder l’équilibre.
Le yogi recherche une immobilité mais qui n’est qu’apparente, à l’image de l’arbre qui peut sembler inerte mais qui n’arrête jamais de pousser.
L’équilibre est un état dans lequel des forces opposées se compensent, ce n’est donc un état figé mais un état dynamique. Il n’est pas acquis et nécessite une grande concentration et des (micro)ajustements permanents. Comme l’arbre, la posture nécessite des capacités d’adaptation et invite à ne pas combattre mais à danser avec ses limites.
La respiration et le lâcher prise
■ une fois dans la posture, installer une concentration sur la respiration.
Commencer par une respiration d’ancrage en conduisant par exemple l’inspiration depuis le sommet de la tête jusqu’au fond de l’abdomen, puis mula bandha et expiration en descendant le long des jambes jusqu’à la terre. Amener ensuite une respiration élevant la conscience en inversant le sens du souffle, inspiration : pieds jambes, mula bandha et expiration le long de l’axe de vie jusqu’au sommet de la tête et au-delà.
Percevoir que l’air respiré est recyclé par les arbres.
Lâcher prise et peut-être ressentir cette interconnexion profonde à la nature.
« Qui » est l’arbre ? A « méditer »…
« Aujourd’hui, quelque chose d’aussi familier que l’arbre n’est toujours pas correctement défini » nous dit Francis Hallé. L’arbre est un à la fois unique et pluriel. En effet, d’un point de vue génétique, chaque branche d’un même arbre peut posséder son propre génome.
La science s’intéresse de plus en plus aux arbres et montre qu’ils sont dotés de capacités proprioceptives (faculté de connaitre sa position / forme dans l’espace), de capacités de communication, de mémoire, de résolution de problème. Certains chercheurs parlent de l’intelligence des arbres. Mais l’arbre n’a pas de cerveau, toutes ses cellules participent à l’émergence d’une réponse coordonnée, sans organe spécifique la dirigeant : l’intelligence de l’arbre est partout et nulle part.
Tout cela nous invite à reconsidérer cette belle figure du vivant.
Hoëla Lacouture yodeliyoga.fr